On était tout rassemblé là, à écouter le bruit des sirènes, qui, ne semblaient pas vouloir être aperçus, elles s'amusaient, je crois, à apparaître seulement aux plus fous, ceux qu'on ne croyait jamais, ceux qui disaient beaucoup trop de bêtises et de gros mots à la récré. Et puis la maîtresse s'y mettait aussi :
- elle est là
qu'elle criait comme à la vue d'une étoile filante.
- vous l'avez vu ? Elle était là !
Et puis elle comptait ceux qui avaient crus voir autre chose que la nageoire d'un poisson, elle avait des grand yeux la maîtresse, des yeux presque sortis de leur orbite, comme pour mieux nous compter et puis ça lui donnait un air de folle qu'on aurait bien aimé croire.
Et puis,
Claire à commencé à me serrer la main un peu plus fort que d'habitude
alors je me suis retourné vers elle, les yeux dans les yeux.
- ça va Claire ? Toi aussi, tu veux voir les sirènes ?
si sirène il y a.
je guidais Claire petite comme trois pommes vers le bord du quai,
- t'approches pas trop Claire, tu vas tomber, reste là, je reviens
et puis je lâche sa main, mais la sensation reste, comme imprimé en motif étincelant sur ma main, les mains moites papa il dit qu'c'est, et je plonge ma main dans l'eau en cherchant un peu puis y retirant un poisson, j'avance vers Claire comme un amoureux des causes perdus, le vent lui passe ses nymphes de l'air dans les cheveux, j'ouvre les petites mains de Claire, pas plus grosses que la taille d'une feuille tombé dans ses cheveux, et là, je place le poisson qui vivant, se tortille et s'entortille comme donnait en spectacle une danse, morbide et magnifique.
- tiens, c'est comme ça la peau d'une sirène, si tu ne peux pas voir, tu peux au moins toucher