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 PAS GRANDIR

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Eddy Butler
Eddy Butler

AVATAR : RRR
CRÉDITS : HANDMADE
MESSAGES : 93
ICI DEPUIS : 23/07/2017

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MessageSujet: PAS GRANDIR   PAS GRANDIR EmptyDim 23 Juil - 22:17

eddy

butler
27
producteur

la marée, je l'ai dans le coeur
Ce soir là, il marchera jusque tard dans la nuit. Encore une fois. Et à chaque fois, il oublie d'enfiler ses chaussures.
Désormais, ses pieds se sont habitués à fouler tantôt un bitume trop abîmé, parsemé de graviers qui râpent sa peau, tantôt du sable dur et caillouteux. Si bien qu'aujourd'hui, il ne sent plus rien. La corne qui remplace à présent son épiderme agit comme une carapace. C'est vrai qu'il ne sent plus rien. Ni les échardes, ni les pierres érodées qui les transforment en opinel aiguisés. Ni même tout ce qui avance tout droit dans les sentiments, qui fonce et qui brise tout sur son passage.
Et il avancera encore longtemps comme ça, les pieds et le coeur nus, tard dans la nuit ou tôt le matin, sans ne rien ressentir. Parce qu'encore une fois, il n'est pas là. Son lit est vide. Les draps sont restés dans la même position depuis ce matin. La pièce carrée semble d'ailleurs s'être figée dans le temps. Une époque qui n'est plus. Il y a dans un coin, des vieux jouets entassés qui se sont immobilisés depuis des dizaines d'années. Sur les murs, un vieux papier peint enfantin est arraché à quelques endroits, qu'ils ont essayé de recouvrir avec des posters de films noirs des années cinquante, et de toutes sortes d'affiches de festivals arrachées à la volée dans la rue. Il se souvient d'ailleurs de ces soirs d'été, quand le soleil tirait sa révérence, de ces deux gamins ingénus, aux gestes approximatifs, courir dans les rues de cette drôle de ville après avoir dépouillé les murs recouverts de papier glacé.
Ils y courent toujours. Mais les raisons ne sont plus les mêmes. On dit que Shoreham est immuable, que les rues sont toutes identiques, qu'il y a toujours les pareilles âmes qui traversent cette route-là, à cette heure précise. Qu'il y a toujours le vieux loup de mer, assis sur sa chaise en bois au bord du port. Qu'on y fait toujours les mêmes choses. Pourtant Eddy assume le contraire.
Il assume que tout a changé depuis qu'il est parti.
Ils disent que c'est lui.
Il dit que c'est eux. Que c'est Papa, que c'est Maman.
Que c'est Simo.

Il faut l'aider Simo. Quitte à parcourir les routes défoncées, les pieds dénudés. Quitte à supporter le vent froid se faufiler dans ses vêtements, les grains de sable s'incruster entre les molaires. Car il n'est toujours pas rentré ce soir. Il faut renfiler son costume d'ange gardien, même s'il n'en a pas la prétention. Il n'en a pas la carrure de toute façon, mais il garde la face en prétendant qu'ici tout va pour le mieux, qu'il est là et qu'il remplit à merveille son rôle d'aîné.
- Mais t'es parti Eddy.
Mais il tend sa main.
Alors tout va bien. 

sylvain syl20 robert alfons non c moi
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