Bo Bae Yum
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| Sujet: LA ROUILLE. Ven 4 Aoû - 19:27 | |
| | bo bae
yum 19 ans dessine du vent | |
Si je touche la flamme d'une chandelle, je n'ai aucune douleur, si on m'enfonce un couteau je n'ai pas peur. Je sais qu'elle a un coeur qui bat et que tout est mort en moi. J'ai pourtant cette douleur, qui me dit que ce n'est qu'un leurre, qu'il me reste encore une larme à verser.
LA NUIT. Le bruit de la mer et le bruit des gens. Le bruit du vent et le bruit de l’ivresse. Le bruit de la nuit et le bruit de la haine. En haut, sur l’épais plancher du cargo, on hurle des bruits de colère, on se dispute à voix grave. Tu comprends pas. Ce qu’ils se disent, ce qui t’arrive. Tu croises le regard des autres femmes, prostrées dans la cale du bateau, se serrant les unes contre les autres comme des animaux. Personne ne parle, y a que les hommes qui crient leur saoule. Tu voudrais ne pas respirer, ne plus faire de bruit. Ta respiration est lourde, comme la promesse d’une sentence absurde mais nécessaire.
LE JOUR. Les voix s’enlacent et s’emmêlent. Les voix s’aiment passionnément. Les voix s’étreignent. Les voix se saluent et s’interrogent. Il fait beau ce matin. Un matin beau comme on en trouve seulement au bord des côtes, et qu’on prend le temps de regarder seulement les jours de soleil. Il fait beau et ta mère te fait signe d’aller rejoindre les autres qui courent et se disputent devant les étales colorés du marché. Tu connais leurs visages et ils reconnaissent le tien. Tu souris comme personne Bo, avec ton regard d’enfant, ton teint de porcelaine, et cette drôle de légèreté qui dit tout vas bien, tout le temps. Ils parlent littérature, toi tu rêves de parler peinture. Vous êtes la jeunesse, le bruit du vent et la promesse d’un demain plein de couleurs vives. Vous êtes léger Bo, quand vous riez. Ce matin là il fait beau, parce que personne ne pense à demain.
LA NUIT. Les voix se sont tuent. Et puis il y a eu les pas. Des pas lourds sur le plancher, des grincements jusqu’à l’échelle. Certaines se sont misent à pleurer quand ils sont descendus. D’autres se sont misent à hurler, protégeant leurs corps affaiblis par le trajet contre ceux de leurs voisines. Toi tu as fermé les yeux. Tu as laissé passer la nuit. Froide. Silencieuse. Les cris ont fini par se taire, et on vous a fait monter sur le pont. Ils y avaient leurs yeux tout autour, la braise carnassière de l’animal affamé. Tu les as souvent dessinés ensuite. Tu te souviens d’un rire. Un rire au milieu du bruit des vagues. Le fracas douloureux de vos étoiles. Ils ont forcés les premières filles à sauter. Prostrée au fond des poches de ton manteau, tu t'es raccrochée à l’enveloppe tout au fond. Celle qui devait te sauver.
LE JOUR. Elle est belle, ta mère. Elle vend des fruits sur le marché, que ton père prend soin de cultiver. Ils gagnent peu. Peu importe. Elle est belle, ta mère. Quand elle sourit en venant à ta rencontre, qu’elle te sert dans ses bras fatigués. Elle sent la terre et la Terre. Ta mère c’est le couleur que la fatigue vient entacher. Alors tu souris aussi, quand elle glisse dans ta main une enveloppe cachetée en murmurant que ça te sauvera de tout ça. La promesse d’avenir, celle d’être quelqu’un d’autre, peut être même quelqu’un de grand qu’on obligera pas à vivre à genoux. Le long voyage vers l’autre rive qu’elle murmure. Tu aimes quand elle murmure, comme quand tu étais enfant.
LA NUIT. Ton corps froid percute le liquide gelé. La mer est dame contrariée, elle bondit, s’acharne contre la nuit. Tu dois être la dernière, après toi le silence. Le silence et la mer qui grogne sa colère contre ceux qui n’ont de cesse de vouloir la dompter. Elle balance ton corps affamé comme on balance une poupée. Tu vas et viens. Tu vas mourir mais tu n’as pas peur. Il n’y a pas d’autre bruit que le tient. La nuit touche à sa fin, et au loin se dessine la lumière. Et la Terre. Tu ne disparaîtras pas ce soir Bo Bae.
LE MATIN. Contre le mur, tu recules, ton corps venant chercher le contact de plus en plus contraint de la carcasse métallique des container du port. Tu les laisserais fondre autour de ta peau si tu pouvais. Mais tu peux pas. Tu t’accroches au bitume, ton bitume. Parce qu’ici c’est chez toi. Ton étoile, ta promesse d’avenir. C’est là, entre le quai et la ville bruyante. Tu ne t’aventures pas au dehors, parce que tu n’arrives pas à comprendre les gens, que leurs hurlements te terrifient, qu’ils te chassent comme un animal et te cajolent comme un enfant. Tu restes ici, cachée par le matin. Mais il t’a vu, ombre dont la silhouette se dessine à mesure qu’elle avance devant toi. Il n’est pas seul. Tu finis par lui demander de s’en aller mais il ne doit rien y comprendre, aux mots qui sortent étrangers de ta bouche. Tu fermes les yeux. Il doit disparaître, et comme quand tu étais enfant, les monstres disparaissent quand on ferme assez fort les yeux. « Tu vas pas rester là » qu’il dit. Sa voix vient percuter ton crâne puis ta poitrine. Tu ne dis rien, enfant aux yeux immensément ouverts. Il tend la main. Lui aussi, il promet. VALENTINE FEEFLEUR LEE JI EU UN DERNIER MOT
Dernière édition par Bo Bae Yum le Ven 4 Aoû - 20:17, édité 5 fois |
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| Sujet: Re: LA ROUILLE. Ven 4 Aoû - 20:05 | |
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| Sujet: Re: LA ROUILLE. Ven 4 Aoû - 20:19 | |
| oh c'est gentil nicolas est trop joulie |
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| Sujet: Re: LA ROUILLE. Ven 4 Aoû - 20:52 | |
| Tu vas pas rester là. |
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| Sujet: Re: LA ROUILLE. Sam 5 Aoû - 6:48 | |
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| Sujet: Re: LA ROUILLE. Sam 5 Aoû - 12:05 | |
| c'est magnifique t'es carrément faite pour ce prédéfini |
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| Sujet: Re: LA ROUILLE. Dim 6 Aoû - 12:18 | |
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