maman, Maria, s'en est allé aussi vite que ses prières, une immaculée disparition qu'a dit papa.
Papa était resté là, à rendre le mur gris en s'y accoudant pour réfléchir et puis tout avait viré au gris, jusqu'à ses poumons et l'air dans la maison, moi, j'étais l'enfant cendrier sur lequel papa déposait ses cendres ravagées et hurlantes, il me disait des fois quand il ne m'aimait plus assez pour me laisser l'embrasser que c'était ma faute ! Qu'à cause de moi, maman était plus là, je l'avais broyé de l'intérieur qu'il disait, enfant calamité qu'il crachait, ça me mettait en rogne alors j'allais m'exorciser mes haines comme un grand en coups et fracas sur des gens qui à mon avis, souriaient un peu trop à la vie. Et des jours, papa redevenait un grand homme comme il l'avait été, et moi, je redevenais enfant plume sur lequel il reposait sa face toute cabossée par les nuages qu'il avait rencontré en ayant la tête dans les étoiles. Je restais là auprès de mon dieu, comme un martyre qui supportait les mots métalliques qu'il me plantait sans compassion et les coups vermeil qu'il m’affligeait en déraison. Mais c'était comme ça, le monde s'arrangeait toujours pour massacrer les plus valeureux.
Et quand la tempête passait, même si les traces des éclairs foudroyants tatouaient encore ma peau, papa m'apprenait tellement que j'en oubliais mes passions et les marques. À sac et ressac, jours soleils et jours misères, je devenais bon auprès de papa et cruel loin de ses bras.
J'ai rencontré une femme, elle avait des paillettes qui collaientt à ses yeux, moi je ne voyais rien d'autre que bonne fortune au fond d'eux, mais elle m'a demandé de l'enlever (les paillettes) et je crois que j'ai enlevé la chance avec, dommage, on a passé la soirée ensemble entre balade sauvage et grincements de lit, je crois que j'ai laissé sur elle des marques au fer rouge comme un abrutit.
Papa à un quelque chose au cœur, je crois qu'il lâche, fallait s'y attendre, je suis même surpris qu'il n'ait pas lâché avant celui-là. Peut-être que ça me libéra sa mort à papa, on verra. Il devenait ce vieux tyran fatigué du monde mon père, il avait plus la force de lever la main sur moi et partait souvent dans des paroles de fous enfermés depuis bien trop longtemps. Il était désœuvré mon père il avait plus qu'à attendre la fin de son monde, ça lui faisait du mal, et ça me faisait plaisir au fond de le voir souffrir, un peu. Papa rejoindrait le ciel avec le calme mépris d'un dieu égaré parmi les géants.
J'ai revu maman il y a pas longtemps, elle n'avait pas changé, je ne l'ai pas dit à papa parce qu'il en serrait mort pour sûr et aussi parce que je la détestais tellement que je voulais faire comme si je ne l'avait pas rencontré. Elle demandait des nouvelles de papa, de moi, elle avait entendu des ci des ça, elle voulait voir le corps de papa exposé devant elle, puisse t'il été mourant et/ou mort, leur amour avait été tel que, j'imagine, elle voulait lui donner le repos par un baiser qui lui enlèverait la vie. Mais non, je lui ai dit de partir loin et de ne revenir qu'avec des pardons pleins les bras et un corps asséché de ses larmes, alors elle a tourné les talons en me laissant seulement cette parole :
- tu lui diras que tous les hommes avec qui j'ai dansé sont morts, il comprendra. *-*-*
Et je conduis le corps de papa presque froid là où il m'a soufflé au visage qu'il voulait se réveiller et s'endormir une dernière fois. Des fois, je vois ses yeux regarder en haut comme pour accompagner son voyage, mais je le rattrape en plantant mes griffes dans son âme pour la replanter bien au chaud. Sous mes ongles, des bouts d'écorce de ce grand arbre qu'était mon père, la chaire sous mes doigts est éthérée comme la nuit qui le rappelle auprès de lui jours après nuits.
Enfin arrivé à son cimetière des oiseaux, il ne meurt pas sur le coup comme j'aurais cru, alors on s'installe en attendant qu'il périsse, le malheureux oiseau que j'étais se languissait en cage malgré la compagnie d'oiseaux peut-être plus rares que lui en dehors du nid.
+ un lien avec un garçon qui a road tripé depuis bien trop loin pour déposer son père presque cadavre sur la terre de shoreham là où le vieux veut mourir en paix ?