lana, elle aime pas les gens qui marchent dans les escalators
elle aime pas ceux qui s'assoit à côté d'elle au ciné
elle aime pas ceux qui demandent à passer avant elle à la caisse juste parce qu'ils ont que deux/trois articles
elle aime pas les couples qui s'embrassent, s'enlacent, s'aiment à la vue de tout
elle aime pas les vieilles commères sur le perron de leur porte à observer la rue
elle aime pas les enfants qui pleurent, qui crient, qui rient
elle aime pas les mecs qui lui colle le derrière dans le métro car oops il y a pas assez de place
elle aime pas les meufs en groupe qui font office de dindes dans une basse-cour
elle aime pas quand des ados à peine plus jeune qu'elle l'appellent "madame"
elle aime pas quand en famille, ça parle religion, politique, froufrous ou beau temps
lana, elle aime pas les gens
mais surtout,
lana, elle aime pas ses grands yeux fatigués,
sa grosse bouche difforme,
son corps d'enfant, son sourire perdu,
elle aime pas sa couleur de peau,
n'aime pas son rire trop élevé
sa voie enrouée
lana, elle aime pas son caractère de merde
de meuf chiante
chiante mais perdue
de meuf qui ne s'assume pas
qui rabaisse les autres pour paraître plus grande
elle n'aime pas sa rancune, sa névrose, sa peine, sa méchanceté, sa franchise
lana, elle s'aime pas
et de toute façon, personne n'aime lana
car lana, elle vient pas des beaux quartiers
lana, elle a pas de papa
encore moins de maman
lana, ses parents lui ont dit " on veut pas d'toi "
envoyée de foyer en foyer,
mille parents,
zéro amour
alors lana, à seize ans
adulte dans un corps d'enfant
elle a dit merde à tout le monde
et elle est partie faire sa vie,
solitude comme meilleure amie
l'école n'en voulait pas,
l'alcool et les livres comme seule éducation
lana vicious
lana la vicieuse